Lors de son arrivée au pouvoir (20 janvier 2017), un des premiers gestes du président Trump a été de remettre en cause les traités de libre-échange négociés par ses prédécesseurs. Le 23 janvier, les États-Unis se retiraient de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP, signé le 4 février 2016, mais non encore ratifié). Dans la même semaine, le nouveau gouvernement annonçait son intention de revoir l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA, entré en vigueur le 1er janvier 1994). Le Mexique tentait tant bien que mal de résister à la pression, tandis que le Canada cherchait d’emblée à coopérer. Enfin, le président Trump accusait la Chine de manœuvres protectionnistes, et menaçait de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Quel que soit le bien ou le mal que l’on peut penser de la nouvelle administration américaine, il est essentiel, avant de poser un jugement, d’examiner l’état de la balance commerciale États-Unis avec ses principaux partenaires. Nous vous présentons donc les tout derniers chiffres disponibles, sous forme de tableau et de graphique.
Le graphique ci-dessus regroupe les cinq premiers partenaires commerciaux des États-Unis. Le Mexique, le Japon et l’Allemagne enregistrent avec les États-Unis un surplus commercial substantiel, de l’ordre de 60 milliards de dollars (et ce surplus est récurrent!). Le Canada, qui fut longtemps dans une situation similaire, a eu la « chance » de voir son surplus fondre au cours des années précédentes en raison de la surévaluation de sa devise. Rappelons que Keynes, lors de la conférence de Bretton Woods, proposait de punir les pays excédentaires au même titre que les pays déficitaires, compte tenu du fait que les déficits des uns n’existeraient pas sans les surplus des autres, et qu’un système monétaire international stable va de concert avec un commerce extérieur tendant vers l’équilibre.
Le surplus commercial de la Chine envers les États-Unis est tout bonnement inouï! Cela représente non seulement des millions d’emplois perdus pour les Américains, mais également une entrée massive de capitaux chinois aux États-Unis. Le surplus commercial récurrent de la Chine lui permet de mettre progressivement la main sur une quantité considérable d’actifs américains (entreprises, terres, immeubles, obligations, actions). Il n’est pas interdit d’admirer les prouesses commerciales de la Chine, de l’Allemagne, du Japon et du Mexique, mais, d’un autre côté, on ne peut reprocher aux États-Unis de vouloir corriger une situation qui leur est manifestement défavorable.
Les chiffres fournis ici ne constituent qu’un point de départ de l’analyse. Il serait intéressant d’examiner le même phénomène en se plaçant du point de vue de la Chine, de l’Allemagne ou du Mexique. Il ne faut pas non plus oublier que le statut de monnaie internationale du dollar a toujours permis aux États-Unis de s’endetter à bon compte, ce qui, toutefois, ne coïncide pas nécessairement avec leurs intérêts à long terme.
Renaud Bouret
(Janvier 2017)