Une comparaison entre les régimes de change


 

Le régime de change peut varier entre deux extrêmes: les taux de change fixes et les taux de change flottants. Le régime de change flexible est un intermédiaire entre les deux. Ces divers régimes possèdent chacun des avantages et des inconvénients théoriques. De plus, comme ils ont tous été expérimentés, la comparaison n’est pas que théorique.

La régulation automatique

Le régime de change fixe équilibre automatiquement le commerce extérieur au moyen de récessions et de surchauffes. Nous avons vu cependant que le remède est coûteux socialement et pas assez efficace en période troublée.

Le régime de change flottant équilibre automatiquement le commerce extérieur en provoquant, par exemple, une dépréciation de la devise d’un pays si celui-ci fait face à un déficit commercial. Par contre, les mouvements de capitaux viennent aujourd’hui brouiller les cartes en détournant parfois les taux de change de leur valeur normale (c’est-à-dire correspondant aux valeurs fondamentales de l’économie).

La spéculation

Dans un régime de change stable, il arrive toujours un moment où il faut se résigner à dévaluer (ou à réévaluer) sa devise. Cela encourage les spéculateurs, qui ne prennent alors aucun risque (ils peuvent toujours prévoir le sens, sinon l’ampleur, de la modification du taux). Le régime de change fixe n’est pas non plus à l’abri, à plus long terme, des modifications des taux.

Si la spéculation est plus risquée dans un régime de change flottant, elle y est par contre continuelle et les taux à court terme fluctuent plus fortement.

L’autonomie des politiques économiques intérieures

Le régime de change fixe contraint les pays à subordonner leur politique intérieure aux impératifs extérieurs. Dans le cas d’un déficit commercial, il faut par exemple se résigner à ralentir son économie.

Les taux de change flottants permettent en principe d’absorber les déséquilibres commerciaux sans remettre en cause les choix intérieurs. Cependant, vu la grande interdépendance entre les économies, quel pays peut aujourd’hui prétendre faire cavalier seul dans le choix de ses politiques? Par ailleurs, il n’est pas possible de laisser flotter entièrement sa devise, ne serait-ce que pour éviter de perturber les mouvements de capitaux.

Stabilité et incertitude

Le régime de change fixe fournit indiscutablement une stabilité très utile à la prise de décisions économiques.

Le régime de change flottant engendre au contraire une incertitude qui nuit au commerce et à l’investissement, et qui oblige à des opérations coûteuses de couverture. Par ailleurs, les capitaux sont encouragés à se déplacer continuellement d’un pays à l’autre pour « coller » au marché, ce qui a parfois un effet déstabilisateur.

Conclusion

Si le système actuel s’apparente au régime des taux de change flottants, il ne faut pas oublier qu’un certain contrôle est exercé par les banques centrales (d’où le nom de « taux de change flottants contrôlés »).

Il faut se méfier des dogmes. Tout comme il y avait des inconditionnels de l’étalon-or, on trouve aujourd’hui des fanatiques du marché libre. La réalité économique est toujours plus nuancée que les courbes et les équations d’un modèle, sans compter que l’on doit tenir compte de l’influence des dimensions politique, sociale et culturelle.

L’histoire est une bonne source d’information, mais il faut également vivre avec son temps. On serait surpris de voir combien de faits monétaires avaient déjà été observés au Moyen Âge, et même dans l’Antiquité. Par contre, bien des choses ont changé et il est normal que le système monétaire international évolue lui-même et s’adapte aux nouvelles réalités.

 

© Supplément à Relations économiques internationales, 4e édition, Renaud Bouret, Éditions Chenelière Éducation, Montréal